Caricatures Hugo à la Une

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L'exposition


Hugo croqué

Victor Hugo incarne aujourd’hui le sommet du héros national. Un astre plus qu’un personnage historique. Pour ce motif précis, le voir caricaturé sous tous les angles paraît bien salubre. Car il fut un temps où l’on riait volontiers de ce jeune écrivain exalté aux prétentions peu communes. Dès les années 1830 et ses premières œuvres, Hugo s’attire les railleries des caricaturistes : front trop grand, yeux avalés par les sourcils, mine butée d’enfant précoce. Tout est là et s’ancra deux bonnes décennies dans l’imaginaire populaire. Les dessinateurs de presse s’amusent alors du chef de file de l’école romantique dont le mélange de gravité et d’ambition en font une cible parfaite… Et son passage à la politique n’arrange rien ! De fait, les caricaturistes n’avaient pas tort de croquer la versatilité du pair de France des années 1840 et ses valses-hésitations avec Louis-Napoléon. En 1849, Nadar dépeint ainsi le député Hugo en « vendeur de vanité, emphases et boursouflures de premier choix ». Une exécution dans les règles ! Pourtant, et malgré les légendes soignées, on sent bien que certains clins d’œil nous échappent. L’humour est périssable et repose sur de fines connivences entre le dessinateur et son public. Alors, que nous reste-t-il ? L’essentiel. À savoir le coup de crayon : la géométrisation de la plaisanterie dans les compositions de Daumier ou la cruauté sans vulgarité de Gill et Quillenbois.
Mais le plus sidérant de ce parcours, c’est le retournement des années 1850-60 : exilé et opposant au IIe Empire, l’écrivain se métamorphose en figure tutélaire. Le coupant de la caricature s’émousse face au mythe. Eh oui… peut-on se moquer d’un véritable grand homme ? Face à l’immensité de ce qu’il faut bien nommer le génie, les plus acerbes des moqueurs, Daumier et Nadar en tête, fléchissent et finissent par rendre hommage. Barbe blanche, humanisme et bonté cosmique : à la fin de sa vie, Hugo apparaît en Dieu le père laïque et protecteur de la République. Bienveillantes et justes, ces dernières œuvres ne sont pas les moins belles de cette exposition passionnante.

Extrait de l'article d'Ulysse Baratin, publié dans le N°86 de la revue Art Absolument.
Parution le 22 novembre 2018

Quand


13/09/2018 - 06/01/2019


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