Visions archipéliques

Visions archipéliques : Pedro Farias Nardi, The Other 45 76 x 61 cm 2009 ©DR    Visions archipéliques : EWAN ATKINSON, Starman : nine states 48,26 x 33,02 cm (x9) 2009  ©DR    Visions archipéliques : Steeve Bauras, 3K Masque 80 x 120 cm ©DR    Visions archipéliques : Gilles Elie dit Cosaque, Ma Grena 50 x 50 cm ©DR   


The exhibition


Édouard Glissant parlait de la - créolisation - comme d'- un espace où la dispersion permet de se rassembler -… Alors que la Caraïbe ne connaît aucune langue commune, la photographie et son kaléidoscope d'images peut-elle faire ce lien?

La photographie révèle ce lien plus qu’elle ne le construit. Certaines images – les intérieurs de Jean- Luc de Laguarigue, Polibio Díaz ou Robert Charlotte – mises en relation dans l’exposition le démontrent. Le processus de créolisation a créé des similitudes et des différences. La créolisation, telle que la définit Edouard Glissant, c’est tout autant le processus de formation des sociétés créoles en tant que telles que celui d’un devenir pressenti des cultures du monde, résultant de leur mise en relation active et accélérée. La créolisation, c’est l’élaboration d’entités culturelles inédites, à partir d’apports divers. C’est toute l’histoire de la culture caribéenne : même si le mode de vie a été largement influencé par les puissances coloniales, inscrivant des empreintes britanniques, espagnoles, françaises dans l’architecture et les mœurs, les Caribéens peuvent d’emblée se sentir un peu chez eux dans toute la Caraïbe, malgré quelques particularités qui peuvent sembler - exotiques - : les stricts uniformes des collégiens des îles anglophones, la vie nocturne très tardive des Cubains… Et puis, les créoles, ces langues issues de la colonisation européenne, ont émergé en moins de cinquante ans, sur deux générations, dans un contexte inégalitaire durable et après une rupture géographique et socioculturelle où coexistaient une langue dominante et plusieurs langues dominées, dont aucune n’était fonctionnelle. Elles répondent à la nécessité d’une nouvelle langue de contact. Cette similitude d’émergence des créoles crée des convergences. Un Martiniquais, un Lucien, un Dominiquais, un Haïtien, un Guadeloupéen, un Guyanais peuvent échanger en créole, même si ces créoles ne sont pas scrupuleusement identiques et même si c’est moins vrai avec les habitants des îles néerlandaises, par exemple. Le lien existe. Les photographes le mettent en valeur.

Extrait de l'interview de Dominique Brebion par Tom Laurent, à paraître dans le Numéro 73 , sortie le 20 septembre.

When


13/10/2016 - 01/12/2016
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