Lien PHAM - Chân dung, Portraits

Lien PHAM - Chân dung, Portraits : Chân dung 1, 2022, 116 x 89    Lien PHAM - Chân dung, Portraits : Chân dung 5, 2022, 80 x 80    Lien PHAM - Chân dung, Portraits : Chân dung 7, 2023, 80 x 80    Lien PHAM - Chân dung, Portraits : Chân dung 12, 2023, 116 x 178   


L'exposition


Portrait, voilà un titre apparemment simple et sans équivoque. Mais qu’est-ce qu’un portrait ou un autoportrait ? Mon ami le peintre Étienne Sandorfi, qui était maître du genre, était persuadé que les tableaux figurant des bouteilles de Coca-Cola ou de Campbell Soup étaient les véritables autoportraits d’Andy Warhol.
Un portrait en peinture ne peut être une description, une réplique ou une représentation. Le plaisir de la reconnaissance est trop peu de chose quant à ce qu’il faut découvrir. Il ne répond pas à la question que pose la peinture : “Qu’est-ce que cela ? ... et il s’agit bien de cela, dans les ?han dung” de Lien Pham. Que disent-ils de sa relation au monde ?
L’origine de son travail est le dessin de vêtements, de mode où elle excelle. Ayant dit cela nous n’avons rien dit. Son monde signifie l’importance de la géométrie, c’est-à-dire de la mesure et du plan, mais aussi du jeu avec les angles, les diagonales, avec les cônes devenant de singuliers chapeaux comme, au XVIIe siècle, les cercles se métamorphosant en “Fraises” chez Nicholas Hilliard.
La géométrie habite son univers. Elle est un ordre, une architecture qui projette le monde dans un dessin droit. Elle procède à travers des ensembles formels organisant la toile qui sont contredits par une fragmentation, une multitude de points, archipels de coquilles d'œuf brisés et laquées, jetant le doute sur les structures qui les contiennent. Ces chapeaux, composés de macro comme de micro-univers, sont les girations d’un cosmos peuplé d’un fourmillement de météores, au sein duquel se tient le portrait.
Comme ne pas remarquer les couleurs, cette dominante composée de gris, de noir et de vert sombre, une rigueur qui est là pour exacerber le rouge prononcé des bouches qui signe le bas du visage comme une incision sensuelle, hétérogène à cet ordre discret.
Si dans certains tableaux les visages sont masqués par le chapeau, l’accessoire, dans d’autres plus récents, ils se découvrent mais les aplats qui les révèlent sont recouverts de couleurs, d’humeurs, de liquides les délitant.
Le travail de Lien Pham est fait de ces points et contrepoints, des doutes qu’elle jette au sein de ses géométries. Chez elle, la précision du visible, l’austérité des visages ne prennent tout leur sens que parce qu’elles sont interrogées, mises en cause par des figures étrangères à cet ordre. Elles ouvrent la porte à l’invisible et nous signifient, comme Fernand Khnopff, que le vrai sujet de ses portraits n’est pas ces visages mais leur “musica falsa”; leur nature cachée… Faire apparaître ce qui n'apparaît pas, l’enjeu est alors de donner une forme au secret, de peindre le secret.

Olivier Kaeppelin

Quand


01/06/2023 - 13/07/2023
 Retour     |      Haut de page