Berthe Morisot (1841-1895)
L'exposition
Chez Berthe Morisot, le charme masque la rigueur. L’impudente fluidité de la touche, suspendue dans l’esquisse, permet d’occulter l’obéissance à un projet plus vaste de recomposition de la peinture – à l’égal de ses contemporains Monet, Degas ou Renoir. Alors même que de la pâte des apparences héritées de Manet s’échappe les desiderata de rendre compte de l’iridescent passage du temps. « Je travaille et m’applique à vieillir », déclare Mallarmé, auquel Morisot écrit en 1891 : « Votre phrase est absolument moi ». Derrière la légèreté de mise que l’on prête au sujet de « la belle peintre », s’immisce un rappel de l’absence et de l’ennui, loisirs des Emma Bovary d’alors, palpables dans les regards qui ne se croisent pas, qui dévient, dans les mains abandonnées au triste sort de ne rien faire. Formée avec sa sœur Edma par Guichard, celui-ci les envoie, entre autres, copier Véronèse au Louvre, et tance sa mère sur la « catastrophe » qui affecterait sa fille si elle se mettait la peinture en tête. Berthe Morisot, sur les recommandations de Guichard, sollicite avec bonheur le pleinairisme de Corot, en qui elle trouve un professeur, avant de rencontrer Edouard Manet en 1868, dont elle épouse le frère Eugène.
Extrait d'un article de Tom Laurent publié dans le n°46 de la revue Art Absolument
Extrait d'un article de Tom Laurent publié dans le n°46 de la revue Art Absolument
Quand
08/03/2012 - 29/07/2012