Sur chaque tableau qu’il a peint, Paul Klee a créé une “fugue”. Fugue musicale, avec l’invention d’un vocabulaire coloré rythmique, riche des premières expériences abstraites et de ses propres expériences en matière de synesthésies élaborées lors de ses années d’enseignement au Bauhaus. Les notions de contrepoints, de sonorités semblent désigner l’œuvre de l’artiste, qui était non seulement muni d’une culture musicale exhaustive de par son ascendance mais – comme Matisse – jouait excellemment du violon. Fugue poétique aussi, par celui qui se considérait comme un “peintre poète”, qu’a pu suivre le galeriste suisse récemment disparu Ernst Beyeler, l’un des hauts regards du XXe siècle, collectionnant – entre autres – les toiles et dessins de Paul Klee depuis les années 1950, et créateur de la Fondation éponyme que l’on peut visiter près de Bâle. C’est ce corpus qui forme l’essentiel de l’exposition, avec comme point de mire les dernières années de Klee alors malade de la sclérodermie, qui correspondent à une réduction vers l’essentiel et une liberté poétique totale. Vingt-sept chefs-d’œuvre de l’artiste sont montrés au public lors de cette présentation où se conjuguent l’audace gestuelle et les harmonies subtiles.