Safet Zec

1943 (Rogatica (Yougoslavie, Bosnie))
Vit à : Venise
Travaille à : Venise
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La peinture n’admet depuis des siècles qu’une règle : l’exception. Laquelle est intolérable aux imbéciles.
Cette exception est la seule quête de Zec. Ce que met en évidence le désordre qui est celui de son atelier. Encore que je ne sois pas certain que le mot « désordre » convienne. C’est, dans le sestiere de Castello de Venise, une vaste halle, profonde, haute. On a dû, des années, y carder des laines, y regonfler des matelas, y tapisser et retaper des canapés. Une verrière. Des fenêtres. Une mezzanine. Elle tient lieu de réserve. Des tables encombrées. Ce sont des pots. Des bottes de pinceaux. Des boîtes d’aquarelle. Des livres. Des pages arrachées. Des tubes plus ou moins écrasés, pressés. Des… etc. Rien qui n’ait pas été nécessaire. Des chevalets. Des toiles au long d’un mur. Les unes devant les autres. Certaines retournées. Des toiles que sans doute il a commencées il y a des semaines déjà. Des mois peut-être. Apparitions en jachère. Hypothèses qui ne pourront être admises que si son exigence les vérifie. À la manière de Titien. Palma il Giovane rapporta qu’il « retournait ses toiles contre le mur, et les laissait parfois des mois entiers sans plus les regarder. Puis, quand il les reprenait de nouveau, il les examinait sévèrement, comme s’il se fut agi de ses plus grands ennemis, pour juger de leur effet. » La démarche de Zec, qui ne renonce à aucune technique – huile sur toile, tempera sur papier sur toile, aquarelle et tempera et collage sur toile, etc. –, tient de la même exigence.



Ses numéros


Numéro 48






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