Suite à la restauration du Jas-de-Bouffan, la maison de campagne de Cézanne, les musées d’Aix rassemblent 130 toiles, dessins et même objets peints in situ pendant 40 ans. Une victoire sur le soleil.
Fin juillet 1990, sans savoir qu’au même moment l’Irak s’apprête à envahir le Koweït, Etel Adnan s’en va voir l’exposition des Sainte-Victoire de Cézanne à Aix. Elle dîne dans l’atelier des Lauves, que Cézanne s’était fait construire en 1901, qui est alors habité par Marianne Bourges, depuis qu’un comité américain l’a offert – contre son gré – à la mairie d’Aix en 1954. La conservatrice et sculptrice la reçoit dans le jardin et la petite cuisine – chose difficilement imaginable aujourd’hui, les pièces de vie du rez-de-chaussée étant fermées à la visite (avant de rouvrir, restaurées, en 2026). Dans « la lumière rousse du lieu », la poétesse et peintre libanaise comprend alors pourquoi Cézanne reste « dans ce pays sec où la lumière ne pardonne pas ». Aux Lauves, la vue devient « le frottement de deux atomes », comme l’écrivait le philosophe Lucrèce – que Cézanne, qui parle latin, a lu. La reconstruction du monde peut advenir.

Et aussi : Cézanne vu d’Aix. Entre légende et mémoire collective
Musée du Vieil Aix
Jusqu’au 5 janvier 2026.
Bastide du Jas-de-Bouffan, jusqu’au 2 novembre 2025.
L’Atelier des Lauves, jusqu’au 2 novembre 2025.

Extrait de l'article d'Emmanuel Daydé publié dans le N°115 de la revue Art Absolument.

Site de l'exposition