Décès de l'artiste Roman Opalka



Dans un dernier hommage au peintre polonais qui s’est éteint en Italie le 6 août,

Frédéric Mitterand, Ministre de la culture déclare « Roman Opalka était l'artiste du temps, ce temps qui aujourd'hui le rattrape. […] Avec le temps, la disparition des figures avait ainsi fini par coïncider avec celle, inexorable, des êtres. On se souviendra aussi de ce visage émacié, devenu lui-même chenu, que ses autoportraits photographiques exposaient d'une manière implacable. Ascète de l'art contemporain, apôtre de la radicalité, Roman Opalka était un moine soldat de la peinture. » Artiste du temps, Opalka l’était très certainement. Vibrant témoignage de l’impuissance humaine face au flux temporel, son programme plastique «OPALKA 1965/1-??» instauré en 1965 porte une réflexion sur l’irréversibilité du temps, le sien et celui du monde ; projet d’une vie devenue processus créatif par un rituel rigoureux et immuable et construction d’une série photographique auto-figurative corrélée à un jeu sur les nombres, dont la transcription visuelle est accompagnée de l’enregistrement de leur diction, en polonais, sa langue maternelle. Depuis 1965, dans une lente progression vers le silence monochrome immaculé, sur des toiles de mêmes dimensions nommées Détails, il inscrit progressivement par ordre croissant les nombres entiers naturels. A l’heure de sa disparition, le nombre 5.569.249, inscrit sur sa 231ème et dernière toile, constitue la dernière touche de l’œuvre.

Charlotte Dufour


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