Le bouclier d'Achille, un tableau qui bouge


Le bouclier d'Achille, un tableau qui bouge
Anne-Marie Lecoq
Gallimard

Contée par Homère dans le chant XVIII de l'Iliade, la conception de l'armure d'Achille n'a cessé d'intéresser les historiens de l'art. Fabriquée et chantée par Héphaistos (le dieu forgeron et créateur d'objets magiques), elle fait l'objet d'un long épisode homérique : plus de cent cinquante vers, dont cent trente sont consacrés au seul bouclier, et dans lesquels le dieu, décrivant un à un les récits qui en constituent le décor, ne laisse pourtant aucun indice quant à la forme même du bouclier ou de l'agencement des figures qui y sont sculptées. Ciel, terre et océan ; hommes, dieux ou animaux, qui cohabitent dans des scènes de guerre et de paix... Le cosmos dans son entière diversité y serait représenté, au sein d'un alliage de cuivre, d'étain, d'argent et d'or. Plus fascinant encore, le récit veut que (au delà d'une simple fonction décorative) les figures y soient animées. « Un métal doté de vie », sur lequel serait sculptée une parade de scènes mouvantes et sonores. Certains y voient un message de paix, d'autre une magie protectrice qui habiterait ce « tableau qui bouge ». Les hypothèses sont nombreuses concernant la fonction ou la composition du mystérieux bouclier. Pour les théoriciens antiques, les vers consacrés au bouclier sont l'un des fondements de la description « vivante » d'une œuvre d'art. Au XVIII et XIXe, ce passage a été utilisé comme preuve de la précocité des artistes grecs dans l'imitation parfaite de la réalité. Au XXè siècle, on y a vu surtout un prétexte permettant au poète de délivrer à ses contemporains un message pacifique, fort utile pour notre époque. Dans son livre, la spécialiste de la Renaissance Anne-Marie Lecoq, qui appartient au Collège de France, revient sur les différentes interprétations magico-symboliques, par le biais d'une réflexion digne d'un tel mythe.



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