Prenant pour point de départ ce qui se tramait au sein de la plus grande tour de Johannesburg, Ponte City, symbole des mutations de la métropole sud-africaine et de son centre-ville, Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse se sont intéressés de près aux conditions d’existence de leurs semblables. Dans leur projet sur l'histoire du bâtiment, d'une ampleur sisyphienne, comparable aux actions mêmes des différents promoteurs ayant cherché à plusieurs reprises à le réhabiliter, chaque photographie de Mikhael Subotzky est une pièce à conviction dont l'ensemble parviendrait à unifier un puzzle rendu impartial, tandis que l'exposition de documents – plans, brochures vantant les mérites de la tour à plusieurs périodes – étaye cette neutralité de point de vue. Mais en dressant le portrait de cette ville à travers le filtre des appartements encore occupés, c’est son éclatement et sa déshérence qui sautent aux yeux. Bien qu’ancrée dans une esthétique documentaire, cette série d’images n'est pas confinée pour autant à la restitution mécanique du quotidien des résidents de Ponte City : elle signale également la persistance des signes du rêve attaché à la tour et l'effort nécessaire pour tenter l'unification d'un regard sur le réel.

Tom Laurent

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