Eugen Gabritschevsky (1893-1979)

Eugen Gabritschevsky (1893-1979) : Sans titre, 1949, collection Chave    Eugen Gabritschevsky (1893-1979) : Sans titre, 1945, collection Chave    Eugen Gabritschevsky (1893-1979) : Vue de l'exposition, ©Marc Domage   


The exhibition


Né à Moscou en 1893, Eugen Gabritschevsky est un artiste dont l’œuvre pléthorique poursuit encore aujourd'hui sa quête de reconnaissance. À la maison rouge, 250 de ses dessins, peintures et aquarelles s'affichent en une frise délirante et ininterrompue. En guise d'atelier, Gabritschevsky va toute sa vie créer entre quatre murs, ceux de ses chambres d'hôpital psychiatrique, où il est interné à partir de 1931. L'ancien étudiant émérite, spécialiste des questions génétiques et biologiques, sombre progressivement dans la démence, jusqu'à sa mort en 1979. De ses créations instantanées s'échappe dans un premier temps un bestiaire quasi naturaliste, avant de tendre vers des créatures hybrides à la consistance vaporeuse. C'est son frère Georg qui, le premier, voit du génie dans cette abondante production. Dans les années 50, il entre en contact avec Jean Dubuffet qui vient de fonder sa Compagnie de l'art brut. Les références mythologiques et la composition aux accents académiques ne permettent toutefois pas à Gabritschevsky d'être considéré comme « brut » par le théoricien et artiste. Là est toute la problématique de cette œuvre prolixe : elle n'entre dans aucune catégorie, y compris celles des « outsiders ». Sans discours d'accompagnement, composée de créations non titrées et non datées, elle laisse perplexe l'expert comme l'amateur, noyés tous deux dans ce flot de figures et de formes altérées. Mise en lien avec l'exposition de « l'artiste-bricoleur » Nicolas Darrot, elles trouvent un écho inattendu. Avec ces pantins parlants et ses insectes robotisés, la monographie du sculpteur français, Règne Analogue, semble donner un sens manquant aux sujets perturbés des peintures de Gabritschevsky. Reste à enclencher les interrupteurs de ces créations pour les voir s'animer dans une cacophonie délicieusement macabre.

Pierre-Quentin DERRIEN

When


08/07/2016 - 18/09/2016
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