Trésors des églises parisiennes


Notices, Bertrand Dumas; Photos, Clément Guillaume
Éditions Parigramme


Si la Révolution française eût sévi en Espagne, nul doute qu’aujourd’hui il faudrait contempler l’Enterrement du Comte d’Orgaz, décroché de sa splendide chapelle tolédane, sur des cimaises un peu étroites du Prado... L’histoire n’a pas eu cette prévenance avec notre capitale et il suffit de songer que la ville était jadis renommée pour ses cloîtres et qu’il ne s’en visite plus un pour se souvenir du Cygne de Baudelaire : “le vieux Paris n’est plus, etc.”. Malgré tout – déportations de sauvegarde et déprédations fanatiques – il existe encore dans la ville une sorte de “musée off” égalant le Louvre et qui ferait regretter de ne plus voir la Présentation au Temple de Simon Vouet en sa place de maître-autel dans le chœur de Saint-Paul, comme son double miraculeusement conservé in situ à Saint-Nicolas-des-champs... Ressources évidentes des promeneurs et des esthètes dans les autres grandes villes européennes, les églises de Paris sont étrangement méconnues du grand public comme des connaisseurs, ainsi que le note Marc Fumaroli dans la bienveillante préface d’un ouvrage indispensable aux curieux. Plus qu’un simple guide, en dépit d’une forme résolument pratique, il peut s’aborder comme un véritable précis d’histoire de l’art religieuse avec des notices érudites mais accessibles. Loin d’être exhaustive, cette sélection invite davantage à aller redécouvrir ces lieux de culte tout en informant le lecteur sur le chef-d’œuvre incontournable de l’endroit. Libre à chacun, ensuite, de poursuivre sa visite et de découvrir encore plus admirable à son goût. Cette captivante traversée de Paris, depuis les vitraux de la Sainte-Chapelle jusqu’aux fresques des Ateliers d’Art sacré de Maurice Denis, retrace quelque dix siècles de réalisations artistiques chrétiennes, laissant la part belle à la peinture, tout en s’évadant parfois vers quelques pièces uniques au monde, du Jubé Renaissance de Saint-Étienne du-Mont à la Sainte Annede Jean Bullant gardée à Saint-Leu-Saint-Gilles ou au Reliquaire de saint Vincent de Paulpar l’orfèvre Odiot dans une chapelle rue de Sèvres... sans négliger les tableaux rares, comme le Lanfranco de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, le Zurbarán de Saint-Médard ou le Tintoret de Saint-François-Xavier et encore moins les chefs-d’œuvre insurpassables de l’art national, de Dorigny à Van Loo ou Drouais, de Lemoyne à Delacroix ou Corot. Surtout l’ouvrage se prête à quelques mises en lumière d’artistes, sans doute un peu dépréciés car exclusivement religieux : Clément Belle, Jacques Stella ou Georges Desvallières.

Vincent Quéau


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