Le Rêve de Balthus


Nathalie Rheims
Éditions Gallimard, collection Folio


Une jeune fille est allongée, assoupie, sur un canapé ; de l’autre côté, une apparition semblant venir d’ailleurs vient déposer une rose. Ainsi, Le Rêve (1957) de Balthus sert de point de départ à l’histoire de Nathalie Reims qui nous raconte le rêve de son héroïne, Léa, endormie à l’enterrement de son père. Comme il convient, la réalité physique vient se transfigurer dans le prisme déformant du songe, où objets et personnages deviennent les protagonistes d’une aventure ésotérique mêlant Venise, secret d’immortalité, moines encapuchonnés et pacte satanique. En donnant corps à l’imagination du défunt, amateur d’art et d’antiquités, le songe de Léa vient parler de la rémanence des choses par le souvenir et la possibilité de leur existence au-delà de la mort – ou du rêve. Comme tous ceux qui ont vu Le Rêve, l’auteur s’est demandé quel était cet étrange personnage qui plane au-dessus de la jeune fille pour lui apporter une rose (ou un fruit, suivant le tableau), ainsi que la question corollaire : de quoi rêve-t-elle ? Et si l’être représenté est aussi angélique qu’il paraît l’être, ne serait-elle pas finalement visitée pendant son sommeil par quelque réminiscence de son père qui vient lui indiquer qu’il reste bien vivant ailleurs – au moins dans son univers de fantasmes – ou qu’il a réussi à accomplir, par la découverte de l’art, son désir d’immortalité ? Et comme la jeune fille de Balthus, Léa ramènera-t-elle un souvenir, ou quelque chose, de ce Rêve qu’elle fait ? Le peintre n’y répond pas, Nathalie Reims, témoignant d’une certaine sensibilité picturale, s’y essaie à sa manière dans ce singulier roman.

Antoine Fonsagrive



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