Joan Mitchell

1925 (Chicago) / 1992 (Vétheuil)
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"Joan Mitchell vivait le monde extérieur d’une manière très intense. Et celui-ci était pour l’essentiel constitué de l’environnement du peintre : la nature, très belle, qui est celle tant du microcosme constitué par sa propriété, avec son jardin de fleurs et ses arbres, que du macrocosme au-delà, c’est-à-dire la vue qu’elle avait sur la Seine. Joan Mitchell recevait ce que la nature lui donnait. Quand la mémoire œuvrait, "des paysages de mémoire" se faisaient jour, d’où le titre retenu pour l’exposition à Caen. Ceux-ci, finalement, sont exprimés à la surface de la toile par le biais de toutes sortes de protocoles qui en appellent aux modalités gestuelles liées à son adhésion à l’école de New York au tournant des années 1950. Les exemples magistraux de Jackson Pollock, de Willem De Kooning, voire de la couleur chez Hans Hoffmann, sont prégnants chez elle, mais elle a fait surgir des gestes de ses prédécesseurs une dimension qui lui est personnelle. Si Pollock ne travaille pas sur l’aspect mémoriel, c’est le cas de Joan et, en cela, elle est plus proche de De Kooning. En même temps, son travail est porté par des exemples historiques, comme celui de Monet – on a parfois parlé à son propos d’« impressionnisme abstrait » – mais, en fait, Joan Mitchell entretenait avec le monde un rapport beaucoup plus tendu que l’auteur des "Nymphéas"."

Texte : Philippe Piguet

Photographie : © Edouard Boubat
Courtesy Galerie Jean Fournier, Paris









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