Charles Gleyre

1806 (Chevilly (canton de Vaud)) / 1874 (Paris)

« La vérité, la vie, la nature n’existaient pas pour cet homme » : au terme d’un passage éclair dans son atelier, le jeune Monet a eu raison en une phrase de Charles Gleyre. Devenue « glaireuse », sa peinture sans lendemain a été reléguée par la postérité dans le camp de l’académisme le plus désincarné. Ascète misanthrope – « sobre, discret, élégant et noble » selon les uns, « monsieur en bois, à l’esprit terne et ennuyeux » selon les autres –, ce fils de paysans du canton de Vaud en Suisse, qui enseigna les rudiments de son art aux mousquetaires de l’impressionnisme – à savoir Bazille, Renoir et Sisley –, n’avait pas de mots assez durs pour qualifier les tentatives des jeunes réalistes : « Le paysage, concédait-il, est bon pour les jeunes gens qui n’ont pas fait leur première communion. » Fidèle en paroles incisives à la doxa de son temps – qui faisait de la peinture d’histoire le sommet absolu de l’art –, Gleyre ne l’était pourtant pas en action éclatante, traitant du paysage désertique comme personne, depuis ses jeunes années italiennes passées à parcourir la campagne jusqu’à ses visions préhistoriques antédiluviennes, en passant par son surnaturalisme halluciné en Orient.


Visuel :
Charles Gleyre
Autoportrait, 1841
Huile sur toile - 51 x 41 cm
Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
© R.M.N./Gérard Blot



Ses numéros


Numéro 72


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