Hommage à Bernard Aubertin : extinction des feux



Deux immenses artistes français viennent de nous quitter : Fred Deux et Bernard Aubertin. Avec eux disparaissent des acteurs importants du surréalisme et de l’aventure monochrome. D’un coté, le dessin tourmenté mêlant naturalisme, fantastique, monde de l’enfance et érotisme ; de l’autre, la radicalité du monochrome, la couleur rouge, celle du feu et de la calcination. À brûle-pourpoint, aucun lien entre eux… Mais une étincelle les rapprochait en définitive : le désir si justement immodéré de donner la sensation des flammes qui les consumaient.

Pour Bernard Aubertin, la brûlure, le feu, est le sujet même de toute production. Dans ses premières œuvres, comme les Avalanches récemment montrées à la galerie Jean Brolly, l’artiste interrogeait la matière et le temps. La toile-objet s’y compose de deux compartiments rectangulaires remplis de gravillons, un noir et un blanc. L’œuvre s’y avérait picot, à la manière d’un sablier laissant s’écouler les pierres d’un côté à l’autre. En 1957, Bernard Aubertin se partageait avec Yves Klein et Piero Manzoni les couleurs du monde : à Klein le bleu du ciel, à Manzoni le blanc des nuages en lutte « contre rien » et pour Aubertin, qui pense la couleur en termes de « sensation physique » et de « combat », le rouge du feu. [...]

Extrait de l'hommage à Bernard Aubertin de Renaud Faroux paru dans le numéro 68


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