Mort de l'artiste Gérard Fromanger



Il y a de terribles nouvelles qu'on aimerait ne pas avoir à relayer quand elles annoncent la disparition d'un grand artiste qui était aussi un ami, Le Centre Pompidou vient tout juste de nous informer que l'artiste Gérard FROMANGER vient d'éteindre le feu de toutes ses couleurs.

Et de rejoindre sans doute les mânes des frères Lorenzetti, lui qui avait installé ses quartiers d'hiver ou d'été sur une colline près de Sienne, pour être plus proche des grandes fresques du Bon et du Mauvais gouvernement, la première grande oeuvre laïque peinte au milieu du XIV siècle. Le grand historien Patrice Boucheron a consacré tout un ouvrage sur ce que représente cette peinture à Sienne en 1338, alors que la ville vient d'être ravagée par une grande peste ("Conjurer la peur - essai sur la force politique des images "). Gérard m'avait fait un magnifique commentaire de ces fresques pour l'une de mes émissions "Clin d'oeil à France Culture".
Il avait choisi de s'installer dans un hameau sur une colline, en famille Et il avait installé son atelier dans la chapelle. C'était un lieu très habité, d'un tellurisme extraordinaire, car tout autour on trouvait aussi des signes de l'ancienne civilisation étrusque, si chère à Gérard qui avait été conquis par leur goût du bonheur de vivre. J'étais allée le voir "sul posto" en 1988 avec l'ami Dègo Pasquariello.
FROMANGER était aussi le peintre de la couleur ROUGE, il lui avait même donné son nom, le ROUGE FROMANGER, depuis ses affiches composées et imprimées en urgence avec le collectif d'artistes de l'atelier de l'Ecole des Beaux Arts, pour proclamer avec le cinéaste GODARD la Révolution de mai 1968 .
A vrai dire Gérard FROMANGER était le peintre de toutes les couleurs qu'il démultipliait sur ses toiles, de façon à s'avérer comme un maitre d'une figuration narrative politique très contestataire de l'ordre trop bien établi, de la société de consommation et de toutes ses dérives qu'il dénonçait à grands traits de rhizomes deleuziens.
Sa dernière grande expo au printemps 2016 marqua un retour au Centre Pompidou, où il avait déjà exposé plus de vingt ans auparavant
Je lui avais consacré un grand article pour Art Absolument (N°70, mars-avril 2016)
https://www.artabsolument.com/fr/product/index/detail/1645//Numero-70.html?fbclid=IwAR2uVlS_mrgD--HZV4sEyMP_JB369N20MDDgR3pjxAyFtm3szh7gnAylQSo

Il y aurait tant et tant à dire sur le parcours de cet artiste qui n' a jamais cessé de se battre, y compris contre la maladie.
L'ami Gérard aurait eu 82 ans en septembre prochain.
Quelle infinie tristesse, cette "disparition" là va être bien dure à absorber !!

Pascale Lismonde


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