Pour l’Ukraine, Maria Gvardeitseva prend le parti de l’art



C’est bien un conflit fratricide qui a cours depuis l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes entamée le 24 février dernier. Parmi les initiatives de solidarité envers l’Ukraine, celle que recouvre l’exposition à Paris de Maria Gvardeitseva au profit du musée Ivan Honchar à Kyiv, a pour elle, sans occulter la violence de la guerre, de s’y confronter avec la distance salutaire que permet l’art.

Native de Biélorussie d’une mère ukrainienne, Maria Gvardeitseva partage avec de nombreux habitants de la région des origines qui dépassent le strict découpage des frontières – la plupart des citoyens ukrainiens ont eux-mêmes un parent russe ou biélorusse. C’est ce qui peut expliquer en partie son approche dénuée de manichéisme quant à la guerre lancée par le Kremlin, dont la dénonciation n’efface pas sa volonté d’un dialogue avec la société russe. En forme d’appel à la paix, l’artiste leur adresse le coût de la guerre : dans une série de photomontages, ce sont des cercueils en zinc hermétiquement soudés utilisés pour le transport des soldats morts qui remplacent touristes et promeneurs, peuplant les sites iconiques de Moscou et Saint-Pétersbourg. Et dans une vidéo également réalisée pour l’occasion, ce sont ces mêmes écrins funèbres et anonymes qui défilent sur la Place Rouge, évoquant le tribut payé pour l’impérialisme russe. En dépit d’une simplicité qu’explique l’urgence de la situation, cet ensemble n’en reste pas pour autant collé à sa vision médiatique – à l’inverse du spectacle glaçant d’une projection d’images du conflit, sous laquelle jouait des membres du Théâtre Dakh lors d’une soirée de soutien à l’Ukraine le 21 mars au Théâtre de l’Odéon, donnant le sentiment de ne leur opposer aucune distance.

Sous forme de tirages numérotées et de NFT, le profit de leur vente sera versé au musée Ivan Honchar, centre national de la culture traditionnelle à Kyiv, qui a lancé une collecte de fonds pour la restauration du patrimoine culturel endommagé par la guerre – un choix que Masha Kalina, qui organise l’exposition avec l’artiste, explique par leur volonté d’un soutien pacifique. Un NFT, certifiant l’ensemble des œuvres de l’exposition, est également lancé lors d’une soirée organisée sur le lieu de l’exposition le 7 avril.

Tom Laurent


Informations pratiques :
Maria Gvardeitseva. Imaginary Cargo 200 Journey, From Saint-Petersburg to Moscow
132 rue de Turenne, 75003 Paris
Exposition du 24 mars au 24 avril 2022
Du lundi au samedi, de 11h à 19h
Lancement d'un NFT le 7 avril 2022

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Visuel :
Maria Gvardeitseva.
Petergof.
Février 2022,84 x 59 cm.


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