Afrique noire : masques, sculptures, bijoux


Laure Meyer
Éditions du Terrail


L’art africain bénéficie d’un engouement exceptionnel. Par cette reconnaissance justement méritée, l’art d’Afrique noire est étudié, apprécié, décrit, visité, approfondi, disséqué… Sans sacrifier à cette mode, Laure Meyer nous livre une étude essentielle. L’ouvrage concis est d’abord très bien conçu ; à la fois ludique et pertinent, il offre au lecteur les clés de la création artistique d’Afrique noire : des dynasties aux chasseurs, des fétiches aux parures, tout paraît simple, une des forces de l’ouvrage réside en cela. Ce n’est pas une leçon rigide sur l’art d’Afrique, mais un véritable partage. On ne pénètre pas dans l’art africain de façon quelconque, il faut prendre son temps, suivre des règles précises. Dès les premières pages, on apprend que l’art pour l’art, conception européenne, n’existe pas dans la pensée africaine traditionnelle ce qui, je cite l’auteur, « n’a pas empêché la beauté de s’épanouir en Afrique dans de nombreux domaines ». Pour apprécier une oeuvre africaine à sa juste valeur, il faut en saisir le sens et la destination, la limiter à sa simple expression esthétique étant par trop réducteur. L’ouvrage nous ramène aux origines de l’art africain, c’est-à-dire aux figures en terre cuite, comme celles de la culture Nok, au centre du Nigeria. Les illustrations de ce volume apportent une réflexion supplémentaire sur les rapports entre l’art, le pouvoir et les croyances. Le pouvoir politique matérialisé très souvent par la figure du roi est à l’origine de nombreuses commandes artistiques dont le but est de légitimer et asseoir son pouvoir. Le livre voue une partie conséquente aux réalisations issues de ces commandes royales, telles que les “défenses sculptées” ou les “têtes de bronze”. Dans un autre domaine, l’ouvrage, à l’occasion d’un chapitre consacré aux masques et aux danses, plonge le lecteur au coeur des mythes africains. Ceux-ci changent d’une région à l’autre mais conservent souvent le masque comme la matérialisation sur terre des divinités s’exprimant ainsi en toute liberté. Les différents thèmes évoqués dans cet article ne sont qu’une partie de ce que le lecteur aura le plaisir de découvrir. Pour n’en citer que quelques autres : la dignité de la femme noire dans un chapitre homonyme, les reliquaires, les statues d’ancêtres… À lire absolument.

Clothilde Courtaugis


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