Francisco de Zurbarán

1598 (Fuente de Cantos (Espagne)) / 1664

Si l’on veut bien admettre une éventuelle permanence de ces « défauts », force est de constater que Zurbarán a le don de transformer ses soi-disant « incapacités et inaptitudes » en style. Se méfiant des compositions trop élaborées qui font disparaître le propos, aimant à aligner ses personnages comme ses pots de terre, en frise et en théorie, comme sur le devant d’une scène de théâtre, l’artiste estrémègne déclame ses formes minimalistes sous les feux de la rampe. Pour le reste, il se contente le plus souvent de reprendre des estampes du XVIe siècle, de Dürer, de Philippe Galle ou de Gérard de Jode – exactement comme le conseillent les traités de l’époque (et comme s’y adonne d’ailleurs Velázquez, jusque dans sa célèbre Reddition de Breda). Mais loin de se livrer à un vulgaire plagiat, il épure, raidit, réduit et transcende ses modèles, pour concentrer toute son attention sur la nature des choses, dans leur exemplarité, leur nudité, leur singularité.



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Numéro 57






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