Chaïm Soutine (1893-1943). L'ordre du chaos

Chaïm Soutine (1893-1943). L'ordre du chaos : Chaïm Soutine (1893-1943) Les Maisons, 1920-21 Paris, Musée de l’Orangerie © ADAGP 2012 © RMN (Musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski    Chaïm Soutine (1893-1943). L'ordre du chaos : Chaïm Soutine (1893-1943) Le Garçon d'étage, 1927 Paris, Musée de l’Orangerie © ADAGP 2012 © RMN (Musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski   


L'exposition


(…) Même en regardant les hommes tomber, Soutine reste stable sur ses deux jambes et ses deux yeux pour construire son chaos originel, calculant ses focales comme s’il recommençait la création du monde. Les vues effondrées de Céret ne semblent guère parentes de l’ascèse rigoureuse, à laquelle se livraient avant-guerre « la cordée en montagne » de Braque et de Picasso, dans la « Mecque du cubisme » catalane. Les glissements de terrain convulsifs de ces petites maisons qui se poussent les unes aux autres offrent pourtant une solide structure monochrome de piquets sous-jacents, qui font tenir la toile comme une tente plantée par grand vent. Reprenant les volutes sonores du Cri d’Edvard Munch, ces peintures tournoyantes et asphyxiées d’un homme en proie au désespoir annoncent en même temps le vandalisme informel, tout de déconstruction et de défiguration, du Danois CoBrA Asger Jorn. S’il fallait trouver des racines à l’énigmatique esthétique du peintre lituanien, peut-être faudrait-il se tourner non pas vers l’expressionnisme allemand et son primitivisme psychologique, mais vers l’expressionnisme nordique, celui du Norvégien Munch ou du presque Danois Nolde, avec leur extraordinaire faculté à déformer les images fournies par la perception. (…)


Extrait de l’article d’Emmanuel Daydé publié dans le N°49 de la revue Art Absolument, parution le 6 septembre 2012

Quand


03/10/2012 - 21/01/2013
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