Cinquante ans de solitude iranienne

Cinquante ans de solitude iranienne : Kaveh Golestan. Shahr-e-no, citadelle des maisons closes de Téhéran. 1975-1977, photographie, épreuve gélatino-argentique [tirage d'époque]. Collection Kaveh Golestan Estate, Londres.    Cinquante ans de solitude iranienne : Behdjat Sadr Sans titre 1974 Collection particulière    Cinquante ans de solitude iranienne : Behzad Jaez. Madresseh-e-Taleb [Ecole coranique]. 2001-2004, epreuve gelatino-argentique. Collection de l'artiste.    Cinquante ans de solitude iranienne : Mitra Farahani. D & G. 2011, fusain sur toile. Collection particulière.   


L'exposition


« Tout est politique en Iran, reconnaît le philosophe Daryush Shayegan, car la politique, en raison de “l’idéologisation” de la religion, y a acquis une dignité quasi-ontologique. » Cette politisation de l’être et de la société remonterait même aux années 1960, lors des premières agitations communistes et des émeutes fomentées par l’ayatollah Khomeyni contre les réformes visant à la modernisation du pays, contre la « révolution blanche » voulue par le shah. Aussi est-ce sous la forme d’une véritable « Documenta de Téhéran », c'est-à-dire une radiographie culturelle par strates superposées, qui ne privilégie aucune des formes de la culture visuelle du pays des années 1960 à nos jours mais qui les choisit toutes, que le musée d’Art moderne de la Ville de Paris a choisi d’opérer son ambitieuse « histoire non publiée » (Unedited History, dans la langue du Grand Satan) de l’Iran. « Il me semblait que l’Histoire pouvait être une œuvre d’art, ce qui n’est généralement pas admis » avait prévenu Jean-Luc Godard lors de l’élaboration de sa propre Histoire(s) du cinéma. Convoquant aussi bien des plasticiens que des affichistes, des cinéastes, des caricaturistes, des photojournalistes, et se servant même d’images télévisées anonymes (comme l’arrivée de Khomeyni à l’aéroport de Téhéran dans un avion d’Air France, ou la subite coupure de programme annonçant l’instauration de la République islamique sous une calme pluie de fleurs), cette vision cinématographique et historique, tout en éclats, rushes et fragments signifiants, écarte certes plusieurs acteurs fondamentaux de la scène artistique iranienne. Mais elle a le mérite d’expérimenter l’histoire et d’en faire une fantastique banque d’images.

"Déjà, les pionniers de l’art contemporain iranien tentaient de témoigner de la marche de l’Histoire"

"Mohassess, Sadr, Feyzdjou, Sadeg : une génération sacrifiée sur l’autel de la révolution"

"Lors de la guerre contre l’Irak, certains artistes créent les « archives » de la révolution"

"L’art iranien d’aujourd’hui fait se rejoindre les vivants et les morts"

Extrait de l'article d'Emmanuel Daydé publié dans le numéro 59 de la revue Art Absolument

Quand


16/05/2014 - 24/08/2014
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