Matsutani, Novotný, Verjux – Une question de temps

 Matsutani, Novotný, Verjux – Une question de temps : JAROMIR NOVOTNY. Untitled. 2018, acrylique sur organza synthétique, coton, 60 x 50 cm / TAKESADA MATSUTANI. Cercle 17-11-11. 2017, relief vinylique, acrylique et graphite sur toile, diam.185 cm / MICHEL VERJUX. Carré de lumière projeté sur mur blanc. 2018     Matsutani, Novotný, Verjux – Une question de temps : TAKESADA MATSUTANI. Stream 87-P. 1987, relief vinylique, crayon graphite, papier marouflé sur contreplaqué, cordes, bassin en zinc, sac en coton et encre de Chine, 200 x 153 cm (toile). Courtesy Galerie Jean Brolly & Hauser & Wirth     Matsutani, Novotný, Verjux – Une question de temps : TAKESADA MATSUTANI & MICHEL VERJUX - Beam & Stream #1 - 2018 projecteur à découpe, toile, bac acier et encre de Chine. Courtesy Galerie Jean Brolly   


L'exposition


« Il existe une qualité essentielle à l’artiste, celle de se saisir de matériaux pauvres ou inattendus et de leur donner une valeur » expliquait récemment Takesada Matsutani. Membre du groupe d’avant-garde japonais Gutaï à partir du début des années 1960, installé à Paris depuis 1966, l’homme de 80 ans expérimente encore aujourd’hui en ce sens. Pour l’exposition à la galerie Jean Brolly en compagnie du Tchèque Jaromír Novotný et du Français Michel Verjux, cela signifie travailler sur place en réactivant une œuvre de 1987, où un flux d’encre noire s’écoule à mesure de l’exposition sur le plan d’une toile vierge posée au sol, tout étant connectée à la surface recouverte de graphite d’une autre toile au mur, désignant une dynamique des états changeants de la matière. Cela signifie également faire œuvre commune avec Michel Verjux, dont une projection circulaire auréole une vaste toile baignant dans un bac emplie d’encre de Chine. Si Matsutani explore librement certains éléments devenus propres à son vocabulaire – l’usage de la colle vinylique, gonflée à l’aide du seul souffle pour former bulles et concrétions, l’encre se diffusant avec lenteur dans les fibres de la toile, … –, Verjux a lui restreint sa pratique dés les années 1980 à la seule projection, retirant progressivement « obstacles » et filtres, mettant de côté les projecteurs de diapositives pour se concentrer sur ceux dits de poursuite que l’on trouve dans les salles de spectacles. Dans la galerie parisienne, il a ainsi tiré parti de ce qui pourrait être considéré comme un défaut architectural. Caressant une paroi, l’une de ses projections mue en surface lunaire ses anfractuosités – une qualité accidentelle qui n’est sans rappeler les tondos de Matsutani. En japonais, le terme « shibumi » est presque intraduisible, mais il recouvre cette sensation d’une beauté discrète, nichée dans presque rien. Les châssis couverts de gaze synthétique de Jaromír Novotný, délicatement opaque et tout juste cousus de petits tissus noirs, l’appellent également.

Tom Laurent

Quand


28/04/2018 - 02/06/2018
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