Leonardo Cremonini. Huis clos.

Leonardo Cremonini. Huis clos. : ©Gli amanti (épreuve d’état I), 1966 Lithographie 39,5 x 27,8 cm   


L'exposition


Dans la peinture de Leonardo Cremonini, c’est du banal que surgit l’ignominie. Des lieux anodins, chambres, plages et rues anonymes, forment le décor d’une comédie humaine en huis clos, où assouvissement des désirs et curiosité malvenue s’entremêlent. Avec pour élément réitératif de son esthétique des fenêtres toujours closes, le peintre semble nous prendre en otage de l’abjection qui se joue là, ne laissant aucune échappatoire possible à un regard coupable de fait. Autre source de malaise, Cremonini isole ses personnages dans un coin de ses compositions orthogonales, créant une impression de vide interminable et oppressant. Dans Le Stupéfiant Image en 2013, Régis Debray écrivait : « Cremonini n’a pas de message à délivrer. Il montre. Quoi ? La secrète inhumanité de l’humain. » Le protagoniste selon Cremonini, c’est l’adulte surpris dans l’étreinte amoureuse, dont le corps se voit tronqué par des miroirs. C’est l’enfant tapi dans l’ombre pour surprendre le coït parental, et dont le visage seul émerge de cloisons géométriques délimitant un espace à la fois interdit et pictural… Ces enfants aux yeux bandés, aux visages difformes proches du bestiaire, c’est lui, le peintre, et c’est nous tous.

Extrait de l'entretien d'Yves Zurstrassen avec Philippe Piguet dans le numéro 91 de la revue Art Absolument. Parution le 18 décembre 2019

Quand


03/10/2019 - 16/11/2019
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