L’Empire des sens, de Boucher à Greuze

L’Empire des sens, de Boucher à Greuze : François Boucher, 1745, L’Odalisque brune, huile sur toile, Paris, musée du Louvre, département des Peintures © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec    L’Empire des sens, de Boucher à Greuze : François Boucher, vers 1732-1735, Hercule et Omphale, huile sur toile, Moscou, Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine © The Pushkin State Museum of Fine Arts    L’Empire des sens, de Boucher à Greuze : Jean-Honoré Fragonard, vers 1770-1773, La Résistance inutile, huile sur toile, Stockholm, Nationalmuseum © Nationalmuseum, Stockholm    L’Empire des sens, de Boucher à Greuze : Anonyme, Album des mœurs et costumes des XVIII e et XIX e siècles, recueil factice de 44 gravures originales à l’eau-forte, à l’aquatinte et à la manière noire, rehaussées à la gouache et à l’aquarelle, collection Mony Vibescu © Photographie Gilles Berque   


L'exposition


« L’amour, c’est un printemps craintif, une lumière attendrie ou souvent une ruine. » Alors que cette année célèbre François Boucher, premier peintre de Louis XV et directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture passé à la postérité il y a 250 ans, le musée Cognacq-Jay expose son thème de prédiction, celui de l’amour jusque dans ses formes les plus licencieuses. Une centaine de peintures, dessins et estampes y sont présentés, et le parcours se conclut par un cabinet érotique, réunissant pas moins de soixante curiosa - estampes, miniatures, peintures, sculptures, boîtes à secrets et autres objets grivois. Ces œuvres sont de Boucher bien entendu mais aussi de son aîné Antoine Watteau et de ses contemporains Gabriel de Saint-Aubin, Jean-Honoré Fragonard ou Jean-Baptiste Greuze. Parmi elles, L’Odalisque brune, nu daté de 1745 rappelle à quel point un motif s’impose chez Boucher : le fessier, quand sous une avalanche de drapés s’affiche une chair rose et potelée, lui attirant tant les foudres de ses détracteurs – Diderot en tête – que la gloire d’avoir fixé le canon orientalisant des milieux libertins. Sous l’apparence d’un art classique et officiel, les toiles revêtent un caractère plus ou moins cru, que ce soit le fessier de L’Odalisque brune, la considération morale édifiée par Greuze face à la violence des désirs ou l’ambiguïté des consentements à l’acte sexuel chez Fragonard. La face cachée de l’amour transparaît, ce qui relève plus des plaisirs charnels que du sentiment amoureux. Assurément le siècle des Lumières, qui faisait montre d’esprit, était aussi celui de la chair.

Constance Dubuisson

Quand


19/05/2021 - 18/07/2021
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