Ce qui s'oublie et ce qui reste

Ce qui s'oublie et ce qui reste : JOEL ANDRIANOMEARISOA  Joël Andrianomearisoa, In memory of all, textile, détails, 2021. Commande l’Etablissement public du Palais de la Porte Dorée – MNHI.    Ce qui s'oublie et ce qui reste : JOEL ANDRIANOMEARISOA  Joël Andrianomearisoa, In memory of all, textile, détails, 2021. Commande l’Etablissement public du Palais de la Porte Dorée – MNHI. Vue du Hall d'honneur, Palais de la Porte Dorée.    Ce qui s'oublie et ce qui reste : HICHAM BENOHOUD  Série La Salle de Classe, 1994- 2002. Collection MACAAL et collection de l’artiste. © Hicham Benohoud Courtesy Loft Art Gallery   


L'exposition


Sous le commissariat de Meriem Berrada et Isabelle Renard, dix-huit artistes explorent l’héritage de leurs cultures africaines dans l’exposition Ce qui s’oublie et ce qui reste. Elle s’inscrit dans la Saison Africa2020, dont sa commissaire générale N’Goné Fall résume le leitmotiv : une « invitation à regarder et comprendre le monde d’un point de vue africain ». À cet effet, les artistes qui exposent en ce palais de la Porte-Dorée, construit pour l’Exposition coloniale internationale de 1931, interrogent leur rôle dans la transmission des mémoires. Les œuvres polysémiques, des sculptures de M’barek Bouhchichi à l’installation vidéo de Zineb Sedira, arborent autant de formes que de perspectives sur cette passation. Cette dernière, d’origine algérienne, invite dans Mother Tongue à observer les relations intergénérationnelles entre mères, filles et petites-filles, mettant en lumière les intrications et barrières du langage à travers cet outil primaire de la transmission, le récit oral. Elle exhibe la présence d’une rupture, conditionnée par la perte des repères culturels, tout en questionnant la préservation de l’identité culturelle. Mettant en jeu la passation sous un autre prisme, la série photographique La Salle de classe d’Hicham Benohoud remet en question l’inaptitude de l’éducation scolaire à répondre aux besoins des élèves et à se confronter aux réalités. Ces prises de vues, réalisées entre 1994 et 2002 par celui qui était alors enseignant d’arts plastiques à Marrakech, puisent au sein même du système qu’il dénonce les moyens de sa diatribe. L’essence des liens unissant l’histoire au présent et à l’avenir, aux fondements de cette exposition, s’incarne dans l’œuvre de Joël Andrianomearisoa. Pans de tissus assemblés comme autant d’histoires qui se rejoignent, aux lignes charnues tant que volages, In Memory of all affiche la profondeur de sa couleur noire à l’entrée du Hall d’honneur. À son verso, ces étoffes se colorent de la palette des fresques du Forum, réalisées par Ducos de la Haille pour l’ouverture du palais. Leurs représentations à la gloire des apports de la France à ses colonies, allégories et scènes de vie passant sous silence toute violence, se voient prolongées dans l’espace tout en brouillant leurs motifs. Dans un édifice-témoin de l’histoire coloniale, l’artiste malgache répond de son point de vue sur les héritages bafoués et ceux qui perdurent, abritant les mémoires dans une ode à l’avenir.

Camille Renault

Quand


19/05/2021 - 29/08/2021
 Retour     |      Haut de page