Carte blanche à Yang Jiechang

Carte blanche à Yang Jiechang : Tale of the Eleventh Day (Détail), Yang Jiechang, 2011, Encre sur soie montée sur toile, Courtesy de l'artiste et de la Galerie Jeanne Bucher Jaeger © Photo David Bordes    Carte blanche à Yang Jiechang : Oh my God / Oh Diu (première toile du dyptique), Yang Jiechang, 2022, Encre sur papier marouflé sur toile et vidéo, Courtesy de l'artiste et de la Galerie Jeanne Bucher Jaeger © Photo Felicitas Yang Testament Yang Jiechang (né en 1956), 1991 Encre sur soi    Carte blanche à Yang Jiechang : Hundred Layers of Ink - Square, Yang Jiechang, 1989, Encre sur papier Xuan, Courtesy de l'artiste et de la Galerie Jeanne Bucher Jaeger © Photo Jean-Louis Losi   


L'exposition


Plus de trente ans après la première exposition de ses oeuvres en Europe, lors des Magiciens de la Terre au Centre Pompidou, l’artiste chinois Yang Jiechang s’introduit avec humilité au cœur du musée Guimet. Dans la rotonde du musée national des arts asiatiques, The Tale of the 11th Day, utopie érotique où Homme et animal entrent en communion, se déploie sur quelques 18 mètres de long. Si l’idéalisme de cette peinture, dont le nom est inspiré du Décaméron de Boccace, peut faire penser à l’autarcie idyllique dans laquelle vivent les personnages du recueil, réfugiés à l’écart de la peste qui ravage alors Florence, et évoque ainsi un repli vers une forme d’intériorité, l’oeuvre de Yang Jiechang n’est pas imperméable aux événements qui frappent notre monde contemporain. Underground flowers ou encore le dyptique Oh my God / Oh Diu, présents au sein des galeries chinoises du musée, témoignent de la violence et de la sidération provoquées par le massacre de Tian’anmen en 1989 et par les attentats du 11 septembre 2001. Au sein même de ses œuvres, c’est avec finesse et délicatesse que Yang Jiechang joue sur les ambivalences pour nous entraîner dans la recherche d’un équilibre salutaire qui prend ses racines dans le taoïsme, doctrine religieuse et philosophique dont l’origine remonte au VIe siècle avant J.-C : derrière toute harmonie se cache une tension continue entre deux pôles antagonistes mais complémentaires, dont l’équilibre est toujours à redéfinir, à la manière du Ying et du Yang. Cathartique, l’acte de peindre révèle la complexité du rapport de l’artiste au monde qui l’entoure, et c’est par une oscillation entre tradition et modernité, utopie et réalité, noir d’encre et lumière, que ce lettré contemporain finit de nous enseigner que tout est une question d’équilibre.

Lou Geyer

Carte blanche à Yang Jiechang. Musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris, en collaboration avec la Galerie Jeanne Bucher Jaeger. Du 6 juillet au 24 octobre 2022

Quand


06/07/2022 - 24/10/2022
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